GESTION du CARBURANT

Pour une meilleure gestion du carburant 

 

 

 

Le carburant est une cause  non négligeable de pannes et donc d'accidents sur  nos avions légers, tout comme parfois sur les avions commerciaux.

 

Peux être faudrait il  s'interroger sur la façon dont nous gérons le carburant  à bord de nos avions de  tourisme ou de sport,  et de nos ULM, lors des compléments  de pleins, et de la façon dont nous renseignons notre  carnet de route ou nos fiches.

 

 

 

 

 

 

 

Au départ, il faut rappeler la réglementation :

 

 

 

Le commandant de bord est responsable de la quantité de carburant nécessaire pour effectuer son vol …..

 

 

 

Rappelons ce qu’est l’emport de carburant minimum réglementaire

 

 

( en se référant aux règles de l’air, actuellement NCO)  

 

 

Donc  faire le plein  au retour d'un vol ne correspondant pas à la loi, et on risque  aussi  vous voler du

 

carburant ...

 

 

 

 

"Avant d'entreprendre un vol, le pilote commandant de bord d'un aéronef prend connaissance de tous les renseignements disponibles utiles au vol projeté. Pour les vols hors des abords d'un aérodrome (et pour tous les vols IFR), l'action préliminaire au vol comprend l'étude attentive des bulletins et prévisions météorologiques disponibles les plus récents, en tenant compte des besoins en carburant et d’une solution alternative , au cas où le vol ne pourrait pas se dérouler comme prévu."

 

cf Le RDA (Règle de l'Air) définit dans le paragraphe 2.3.2 les actions préliminaires à tout vol

 

 

En conséquence et pour reformuler cela , Le commandant de bord est responsable de la quantité de carburant

 

nécessaire pour effectuer son vol, en tenant compte des éléments météorologiques, des activations

 

possibles de zones ou des interdictions de pénétrer dans d’autres zones, donc de l’augmentation du trajet réel

 

et de la masse maxi à respecter, tout comme le centrage lié.

 

 

 

Mais comment satisfaire à un BESOIN en carburant si nous ne sommes pas capables de connaître avec

 

exactitude la quantité à bord de notre avion  ????

 

 

 

La plupart du temps, le pilote prend un avion en « estimant  » la quantité de carburant à bord grâce à quelques

 

indications sur le carnet de route et il serait bien incapable de dire exactement combien de carburant est

 

présent dans son avion à 5 litres près  !

 

 

 

 

La meilleure solution, adoptée par les professionnels et certains club,  semble être le jaugeage !

 

 

 

Dans les manuels d’exploitation de compagnie aérienne, on peut trouver cela :

 

Jaugeage : la certitude de disposer à bord de la quantité prévue

 

avant de débuter le vol est un point particulièrement important pour la gestion du carburant en vol. Lors de la préparation des vols, la

 

détermination de la quantité de carburant disponible à bord sera fondée sur les quantités reportées sur le CRT/carnet de route et

 

complétée par un jaugeage du carburant

 

 

 

Sur nos avions de loisir en aéro-club, nous sommes dans une démarche d’estime floue de la quantité de

 

carburant à bord, ce que personne ne peut contester , mais où est donc la précision ? Et dès ce stade, quels

 

sont les RISQUES encourus pour les vols projetés ?

 

 

 

Force est de constater dès ce moment une dérive entre notre volonté de faire appliquer la doctrine du SGS et

 

la réalité …

 

 

Le pilote précédent nous laissé un avion pour lequel il est très difficile de dire combien de carburant est

 

disponible, car la plupart du temps il est indiqué une QUANTITÉ rajoutée inscrite dans une des deux cases ,

 

avant ou après le vol .

 

 

 

Première menace, un risque existe  : on croit que le pilote précédent à rajouté telle quantité de carburant ,

 

sans en être sûr ! Pourquoi cela ?

 

 

 

En effet , il peut exister une erreur de transcription, une inversion de chiffres ou tout autre erreur lors du

 

plein partiel. Le plein partiel (PP) est très imprécis puisque cela dépend beaucoup de la position du pistolet et

 

de son débit . Problème maintes fois rencontré dans les clubs !

 

 

 

 

Ensuite, on pense connaître la quantité rajoutée car cela a été indiqué dans une case , mais parfois par erreur,

 

ce n’est pas la bonne case , et cela peut donc tout changer pour la sécurité du vol !!.

 

 

 

Il faut trop souvent chercher à interpréter la quantité de carburant présente dans l’avion avant ce complément

 

de plein . Et là c’est souvent du grand n’importe quoi en lisant les carnet de route !!

 

 

 

 

    Résultat : cumul de trois erreurs déjà possibles à ce stade ! Et pourtant nombre de 

 

       pilotes vont décoller en se basant sur ces fortes approximations . Alors, quelles

 

      devraient être les solutions pour amener plus de rigueur dans la gestion de notre

 

      carburant !

 

 

 

 

 

         Le carnet de route est il bien renseigné ?   À de rares occasions !

 

 

 

 

 

 

 

 

      il faut réaliser que dans une majorité de cas, les pilotes n’ écrivent pas une information

 

      vraiment utile ! Que veux dire plein partiel ? Combien avons nous de litres dans l’avion ?

 

 

 

 

 

 

Remarque très importante :

 

 

est il inscrit « quantité avitaillée »  dans les cases du carnet de route ?

 

 

 

Non, mais il est inscrit « quantité » au dessus de la case « au départ » et puis «  à l’arrivée » Et c’est donc la

 

quantité à bord ( et non la quantité avitaillée) qui doit figurer dans les cases AVANT le vol et lors de l’escale

 

suivante ….

 

 

 

 

Pourquoi cela ne se fait il pas ? Hormis sur les avion Robin qui n’offrent pas la possibilité de jauger , TOUS les

 

avions à ailes basse ou ailes hautes avec réservoirs dans l’aile ont la possibilité d’être jaugés AVANT puis APRES

 

le vol , comme cela est fait dans toute aviation professionnelle !

 

 

 

Il ne peut être imaginé un seul instant qu’un un avion de ligne dans lequel le pilote demanderait de rajouter

 

«  au pif «  du carburant en croyant qu’il reste environ, à peu près, à la louche,…. telle quantité de carburant à

 

bord, puisse décoller avec cette approximation  !

 

 

 

 

Visiblement, cela ne dérange personne dans les milieux aéro-club de pousser la manette sans savoir avec

 

exactitude dans combien de temps le moteur s’arrêtera !

 

 

 

Pourquoi n’avons nous pas de rigueur dans cette façon de faire ! Pourquoi n’imposons nous pas des consignes

 

de jauger et d’inscrire avant le vol , puis au retour du vol, jauger à nouveau et inscrire dans la bonne case la

 

quantité correcte ?   ( les pros le font .....)

 

 

 

Ainsi non seulement, il serait facile de suivre une consommation exacte conforme ou excessive, mais aussi

 

possible de détecter les fuites des purges ou de toute autre raison (bouchon non correctement remis ou

 

simplement oublié sur l’aile …) et ce à chaque vol

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin, cette façon de faire est la SEULE qui permette de connaître avec précision les masses au décollage

 

donc les performances de décollage et d’atterrissage .

 

 

 

Revenons aux cases :

 

 Pourquoi, contrairement aux gens sérieux et aux pilotes anglo saxons,  ne respectons nous pas ce qui est

 

 

ECRIT  :

 

 

 

-quantité au départ

 

 

-quantité à l’arrivée

 

 

 

 

 

Il est quand même extraordinaire que dans le cadre de la prise en compte des risques , les fameux TEM ,

 

traitement des erreurs possibles, ni les Fédérations, ni les revues qui ouvrent dans leurs colonnes des

 

instructions sur la sécurité des vols, ne se soucient de cette approximation en ce qui concerne le carburant

 

réellement disponible à bord !

 

 

 

 

 

Et pourtant, il en va de la responsabilité des clubs et de leurs dirigeants !!

 

 

 

 

 

Augmentons la rigueur dans la gestion du carburant si nos voulons infléchir les statistiques des accidents liés

 

au carburant , et cela commence par remplir correctement nos livrets d’aéronef ! De la méthode , de la

 

méthode !

 

 

 

 

Jauge carburant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la pratique comment procéder :

 

 

 

chaque pilote doit posséder une jauge comme celle ci dessus 

.

 il est nécessaire de calibrer les jauges réservoirs vidés, puis en les remplissant de 10 litres en 10 litres. Très

 

facile donc .

 

 

 

 

Cela devra être fait avion sur un sol bien horizontal, et les amortisseurs de l’avion en bon état de maintenance,

 

tout comme cela est fait sur avion de ligne ( il existe un niveau à bulle pour cela sur avions de ligne )

 

 

 

 

 

Rappelons ici que nous ne sommes pratiquement jamais capables de connaître un VOLUME de carburant , car

 

que ce soit par les jaugeurs de l’avion, plus ou moins fiables comme on le sait, ou bien avec une jauge comme ci

 

contre, il s’agit en réalité d’un NIVEAU de carburant . En toute logique, bien que peu important mais non

 

négligeable dans nos réservoirs, la chaleur va dilater le carburant et donc faire augmenter son niveau dans les

 

réservoirs. Inversement lors d’un vol en altitude ou il fait froid .

 

 

 

 

Rajoutons aussi à cela la dilatation de la cellule des ailes , tout cela amène une imprécision estimée à 3 %

 

 

 

 

Cette calibration permet d’établir un petit tableau qui peut être collé sur les ailes , ou bien plastifié et présent

 

dans l’avion, ou dans les documents des pilotes .

 

 

 

 

 

 

Cette façon de faire est possible pour TOUS les avions à ailes basses et réservoirs dans les ailes et sur

 

TOUS les avions à ailes hautes .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est étonnant si vous jouez le jeu, de voir combien on peut avoir de surprises lors du

 

jaugeage en fin de vol ,  lorsque l’avion est monté en altitude, avec beaucoup de puissance !

 

 

 

 

Car dans ce cas , il faut bien reconnaître que les pilotes se basent sur les consommation en croisière établies à

 

15 ° et à 1013 hp , puisque c’est ainsi indiqué dans les manuels de vol . Mais un moteur de 120 cv qui est réputé

 

 

consommer 25 litres/ h va monter à 35 ou 40 litres en montée continue .

 

 

 

 

 

De plus, il faut tenir compte de l’altitude du vol , soit réelle, soit fonction de la température donc de l’altitude

 

 

densité . Un vol effectué à 2000 ft au QNH 1005 et a 30 °C est en réalité à 4531 ft , donc le moteur consomme

 

 

plus pour les mêmes vitesses recherchées ! À prendre en compte.

 

 

 

 

Un moteur de 160 / 180 cv censé consommer 35 litres heures va monter à pleine charge vers 55 L /H .

 

 

Par le passé, lors d’un vol à pleine charge en PA32 300CV , à la masse maxi, je montais vers le massif du

 

Mont-blanc , au retour à Chambery , jaugeage , bilan 90 litres /H !

 

 

 

 

Et voilà pourquoi tremper la jauge au retour d’un vol peut être utile  et doit devenir une habitude !

 

 

 

La même façon de faire concerne aussi l’huile dans les deux cases à coté du carburant , il ne s’agit pas

 

 

d’indiquer ce qu’on rajoute, mais la quantité d’huile à bord avant de voler !

 

 

 

 

 

 

D’ailleurs, vous utilisez bien une jauge dans ce cas ?

 

 

 

Au même  titre  que de  nombreux pilotes refusent de voler au QNH et s' obstienent  de rester au

 

 

QFE, de même, il faudra encore beaucoup de persuasion et de temps pour faire admettre le bien fondé de

 

 

cette procédure plus professionnelle que celle des pilotes de loisir, peux soucieux de l’énergie réellement

 

 

disponible sous forme de carburant à bord de leur avion .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette façon de faire est simple, valeur inscrite avant le vol puis à l’arrêt   :

 

 

 

 

 

 

Dernier point non sans importance :

 

 

 

lors d’un vol de délivrance du PPL ou de renouvellement , il est demandé au paragraphe 3A.5 Gestion du vol (journal de bord,

 

vérification de routine y compris le carburant)

 

L’examinateur posera la question de la quantité exacte à bord et la véracité de la réponse du pilote sera analysée au sol une fois posé à l’escale.

 

 

..Donc acte !

 

Nouvelle réglementation :

 

Depuis le 26 août 2016, l’arrêté de 1991 a cédé sa place aux NCO avec un changement dans la politique d’emport de carburant, c’est là l’occasion

 

de mettre en place une procédure plus rigoureuse telle celle que je suggère.

 

 

Lors du briefing avant tout vol, ce serait judicieux de traiter de la sécurité des vols en soulignant la connaissance des menaces et des erreurs (TEM), donc la gestion carburant à sa place dans ce briefing . C’est là l’opportunité de faire avancer la sécurité dans ce cas.

 

 

 

Pour conclure, après 4000 h d’instruction et plus de 150 délivrances PPL ou renouvellement SEP A, alors que ce bilan carburant à l’aide d’une jauge n’est atiquement  JAMAIS fait spontanément par les candidats pilotes , on peut se demander si nous ne sommes pas trop laxistes sur cette gestion de l’essence nécessaire aux vols. Ma réponse à cette question est bien sur que si, nous manquons de rigueur . Il faut donc réagir car nous sommes responsables de la formation des pilotes et du maintient de leurs compétences, et les remises à niveau régulières par les instructeurs tout comme les consignes club doivent être réadaptées.

 

 

 exemple de fiche carburant   dans le menu  de gauche